Traversée Canaries - Cap Vert

La grande voile a été réparée comme on pouvait. On en a commandé une nouvelle qui nous sera ramenée par Hélène, notre future équipière pour la traversée de l'Atlantique. On prévoit 6 ou 7 jours de navigation. La houle ne devrait pas excéder 2 mètres et le vent osciller entre 12 et 18 noeuds. Des conditions très favorables pour une douce traversée. Traversee au cours de laquelle on profitera pour faire des activités avec les enfants, pêcher, cuisiner, lire, se laver à l'eau de mer, sortir le drone,....





Samedi 11 novembre


Départ depuis du  port de San Sebastian de la Gomera après 5 nuits sur place. On décide de rejoindre l'île des Canaries la plus au Sud et la plus à l’Ouest : El Hierro. Ça nous permet une navigation avec du vent et de la houle afin d’amarriner l'équipage dans une vingtaine de noeuds. On contourne l'île de la Gomera par le sud puis on est en ligne droite, au grand largue pour rejoindre le Porte de Estaca sur la côte Est de l île.



On y était déjà passé il y a une semaine. L'arrivée se fait de nuit vers 19h30. Le vent souffle, on attend l’avant port plus calme et protegé de la houle pour affaler notre grande voile le long des ferries à quai. On avait gardé depuis le départ 2 ris dans afin de ne pas faire souffrir la partie réparée.  On rejoint tranquillement une place au port, accueillie sur le catway pas Guillaume et Thomas de Manena, qui sont arrivés la veille.  Des faritas toutes chaudes nous attendent, on les avait préparée en mer pour pouvoir manger dès l’arrivée.  Aller les enfants au dodo, je finis la soirée dans le cockpit de Manena à discuter autour d’une chartreuse. 




Dimanche 12 Novembre. 


Matinée calme à El Hierro. Douches pour tout le monde, derniers préparatifs du bateau, repas avec un bon filet mignon et on couche Louena. On part juste après, vers 14h. Cette fois sera la bonne : direction le cap vert, à 750 milles nautiques vers le Sud.  Toujours avec notre grange voile à 2 ris, Artimon et génois de sortis.  

On arrive à rapidement récupérer 12 noeuds de vent au portant. On règle le pilote automatique en mode vent et on se laisse aller au grand largue. Lignes de pêches de sorties, on reprend notre rythme de traversées.  L'équipage est toujours le même : la petite famille Manon, Emeric, Louena, Juliette et les deux équipiers, parents de Manon : Mima et Papalain.  On oscille entre 5 et 6 noeuds dans une mer assez calme. On profite bien.








Du monde dans le carré, dans le cockpit, on tente de pêcher, en vain. Manena est dans notre sillage, à 3 milles. Ils empanneront en fin de journée pour partir un peu plus à l'ouest. On garde notre cap plein sud entre 180 et 190°. Traditionnel repas de pâtes du soir en traversée. Louena avait pris un médicament anti mal de mer après la sieste, il semble porter ses fruits. On profite avec un premier joli coucher de soleil.



Alain et Fabienne prennent le premier quart, Manon couche Juliette et moi je dors avec Louena jusqu'à la relève de quart à 22h45. J'enchaîne sur le pont jusqu'à 0h30 puis re-dors jusqu'à 3h. Un dernier quart entre 3h et 5h et je finis la nuit dans la cabine avant avec Louena. Manon a fait la nuit dans la couchette double du carré, Mima sur la banquette bâbord, cette fois avec les toiles anti roulis d'instlallées. 


Lundi 13 Novembre


Réveil avec des pancakes tout chauds. Journée de vent, on oscille entre 13 et 18 noeuds, le bateau avance bien toujours avec la même toile hissée. Matinée tranquile Papalain sieste, Manon aussi un peu dans la cabine arrière. Juliette mange bien sa purée. On se fait une grosse salade de riz thon (en boîte, toujours rien de peché) pour le midi. Sieste avec Louena, le bateau se repose un peu. On empanne en fin d'après midi pour gagner un peu vers l'Ouest et s'éloigner d'une bulle de vent, on allume pendant 2h le moteur pour recharger les batteries, le soleil était un peu voilé et les panneaux solaire n'ont pas suffit à une bonne recharge en vue de la nuit.





Le pilote a pas mal consommé en mode vent dans une mer courte.  Repas de pâtes encore et rythme des quarts classique. Nuit compliquée Louena se réveille peu après ma prise de quart à 22h55, je l'allonge avec Manon et Juliette mais c'est quand même le bordel, Juliette pleure beaucoup. Peu de repos pour Manon. Minuit je récupère Louena et lui propose de venir dehors. On se pose dans le cockpit, un gros bateau bien éclairé est à quelques km de nous. On le surveille tous les deux. Minuit 30 on réveille Papalain pour son quart et je vais me recoucher avec Louena dans la cabine avant. Le vent est toujours bon et on fil à 6 nd vers le sud. Louena dormira bien pendant mon second quart de 3h à 5h.


Mardi 15 Novembre


Je suis reveillé à 7h30 par le bateau qui change de bruit, ça s'active sur le pont :  Mima et Papalain sont entrain d'empanner. On se leve avec Louena, Mima prend un quart et Papalain va se recoucher. On attend le réveil de Juliette dans le carré pour préparer biberon et petit dej. Ça commence à être difficile de faire plus de 180° en cap tout en gardant les voiles bien gonflées. On empanne pour aller un peu vers le Sud-Ouest. On fera la journée comme ça avant d'empanner à nouveau en début de nuit. La journée se passe bien, les panneaux solaires rechargent les batteries et le bateau est plus stable, donc moins de consommation d'energie. Je prends Juliette en écharpe pour la sieste du matin.  On finit la viande fraîche à midi, viande achetée à la Gomera avant le départ. Sieste de Louena et Emeric pendant laquelle 2 belles dorades coryphène viennent mordre aux deux lignes de pêche d'installées. Papalain remonte et découpe les poissons. Ça nous fait du poisson frais pour 2 jours. Atelier peinture, jeux divers, Louena continue son petit calendrier de traversée.




Un  petit oiseau a trouvé refuge au milieu de l'eau, sans doute poussé par les vents depuis la terre. On tente de ne pas l'effrayer mais il repart. RIP petit moineau. On goûte un peu de dorade marinée au  soja et au gingembre en apéro. Une autre partie est entrain de sécher dans du gros sel et le reste est en filet prêt à être cuit demain midi.  Routine du soir, on prépare les vestes de quart (et oui il fait encore frais mais surtout trés humide la nuit) on range le bateau pour passer en configuration nuit. Feu de nav allumés, l'enchainement des quarts se remet en place. Empanage à 23h avec Alain pour repartir plein sud. On avance toujours avec une moyenne d'un peu plus de 5 noeuds. C'est agréable.



Mercredi 16 Novembre 


Journée plutôt calme à bord, du vent un peu plus léger mais on continue à la voile. Pêche infructueuse mais il nous restait du poisson. Juliette s'endore dans les bras de mima pour sa sieste du matin ! Je vais me couper les cheveux, sous le vent à l'avant du bateau. Et on débloque comme on peut le pied du siège de barre qui été bloqué et enfoncé. 









Gros plat de poisson au curry pour le midi, qui ressemble bcp à du poulet. Sieste, un peu de peinture pour Louena, plat de semoule pour le soir après un bon petit apéro guacamole, tzadziki, chorizo. On souhaite par satellite un bon anniversaire à Hélène (pas de réponse, on apprendra plus tard qu'elle n'a reçu qu'une partie du message) et un banc de dauphins passe nous saluer. 


Reprise des quarts habituels avec le moteur allumé entre minuit et 5h du matin, cap 220° pour aller un peu vers l'Ouest chercher d'avantage de vent, éviter le plein vent arrière et garder une allure au largue pour avancer. Les voiles en ciseau avec une grande voile très réduite bof. Et notre bateau est assez étroit et rouleur. Le vent revient pile comme prévu par la météo un peu avant 5h, 14 nd, on se laisse à nouveau pousser par le vent au cap 190-200°. Le cap évolue car encore un fois le pilote est en mode vent donc suit les oscillations de ce dernier pour garder un angle par rapport au vent constant. Je distingue le lever de l'étoile Sirius qui brille de plusieurs couleurs, bleu, vert, rouge. 



Jeudi 17 novembre


Réveil tranquille sur le bateau, atelier pancakes, une fois 1L de pâte prête, je me lance dans la cuisson et charge sur l'iridium les prévisions météos et, à faire deux choses 2 la fois faut bien que ça loupe, une bonne vague, un bon coup de gîte et le saladier de pate se renverse. J'avais seulement fait le pancake de Louena. Il reste un peu de pâte pour en faire 3 autres mais ça ne va pas suffire. Aller tous les ingrédients sont sortis je recommence.





Cette fois je transvase la pâte dans une bouteille en plastique, plus facile à caler et stocker qu'un saladier !  On se régale. Louena joue dans le cockpit, Juliette fais une petite sieste avec Manon dans la cabine avant. Préparation d'un gros taboulet par Mima. Une dorade coryphène vient à mordre à l'hameçon mais c'est un échec au dernier moment. Elle se libère lorsque je la soulève de l'eau pour la ramener à bord. Bien joué le poisson, on ne peut pas gagner à tous les coups sur Ti Laouen.






Repas, sieste, préparation de galettes au sarrasin pour le repas du soir.  Ça sent un peu la Bretagne au large de la Mauritanie. On retrouve quelques poissons volants échoués sur le pont.



On essaye d’appeler des bateaux copains à la VHF : Manena et Ponyo mais en vain, ils sont trop éloignés de nous. Tant pis on attendra le Cap Vert pour les croiser. On s'échange néanmoins tous les jours notre position avec Manena par téléphone satellite. On a parcouru plus de 450 milles il nous en reste 200 au coucher du soleil, qui est  suivi quelques dizaines de minutes plus tard du coucher de lune qui n'est qu'un petit croissant à l'horizon.



La houle a un peu forci en fin d'aprem. Le bateau bouge d'avantage mais se comporte bien. Je couche Louena et vers 22h le pilote décroche, ça ne nous est pas arrivé souvent depuis le départ de France. On part au lof, les trois voiles fasseyent. Mais Alain qui était de quart rétablit le cap. Je sors un peu en avance et prend mon quart pour la suite.  Fin de nuit tranquille, on verra juste une fusée éclairante à 23h50 sur notre arrière sans appel VHF ou autre signe.



Vendredi 17 novembre


Réveil encore acoompangé de pancakes pour l'équipage, Alain est parti se recoucher. A l'attaque du café pour moi, la ligne de pêche se manifeste. On sort planche à découper, couteau, sceaux et direction la plage arrière pour la remontée de la prise. Les deux lignes se sont emmêlées, galère. Je hisse mais le poisson se débat. Petite pause je sors les gants pour diminuer le risque de blessure. Je le remonte doucement, Alain vient m'aider pour sortir les deux lignes en même temps et c'est un beau thon rouge estimé à 8-10 kg que l'on remonte a bord.



On le tue, le vide, et on découpe les filets dans le foulée à grand coup de sceaux d'eau de mer pour laver le pont et éviter que le sang ne tache. On doit avoir autour de 4 kg de filets. Mission mise sous vide pour mima, on gardera un filet pour ce midi et ce soir : sashimi et thon mi cuit. Un régale !



Surtout que tout l'équipage en mange vu que le mal de mer n'est pas trop présent. Petite sieste, Manon apercevra un tortue et une baleine dans la journée. Douche d'eau de mer pour Papalain le matin, pour Louena dans la baignoire et moi sur la plage arrière à l'eau de mer également.




On finit tranquillement la journée et on sort le drone pour la première fois du voyage un peu avant le coucher de soleil ! Comme dans le passé la mission la plus compliqué est de le récupérer pour son retour sur un bateau qui tangue et avance. Mais la mission est réussie sans perdre ou abimer le précieux drone. 






Repas au coucher de soleil avec encore du thon frais, de la dorade séchée au sel et qui attendait dans un bain d'huile d'être mangée. Et au dodo.  Ça y est il fait vraiment chaud, je prends mon quart à 22h30 en short ! Louena se réveil peu après. C'est le bordel dans le carré Juliette crie, Louena aussi, Manon et Fabienne réveillée. Louena ne veut pas dormir seule, demande à aller dehors.... Elle vient quelques seconde puis on lui demande de rentrer, on ne veut pas qu'elle prenne l'abitude de venir de nuit dehors avec une seule personne de quart. Trop dangereux, même attachée. On arrivera à la rendormir avec Manon et je la récupère à la fin de mon second quart pour la recoucher dans sa cabine. 



On est Samedi 18 Novembre, il nous reste quelques dizaines de milles. Arrivée prévue pour le milieu d'après midi. On guette, toujours rien et en milieu de matinée : Terre en vue, terre en vue.




Un petit monticule faisant penser à un terril se distingue dans la brume de cheur. Puis on distingue de plus en plus l'île. On approche, certains sont content d’arriver, d'autre seraient bien restés encore quelques jours au milieu de l’eau, déconnecté, en petit comité au milieu de l'océan. C’est ainsi.


On contourne l'île par son Ouest, on affale les voiles juste avant l'entrée dans le port de Palmeria. Aucun ponton ici pour la plaisance, il y a plein de bouées de pêcheurs et la possibilité de jeter l'ancre. On remonte au moteur, on passe près d’un grand catamaran pour faire de petite balade avec plein de touristes dessus. Un Cap verdien à bord nous propose/incite à prendre un bouée libre un peu plus haut dans le port. On slalome entre les bateaux, c’est assez dense. Un premier tour où on hésite voyant un casier de pêche flottant accroché à la bouée en question. On repasse finalement s’y amarrer.




Le bateau copain Ponyo qu’on a jamais rencontré mais avec qui on a déjà échangé des message nous fais des grands signes de bienvenu quand on passe à côté. Il ont comme nous deux enfant quasiment du meme âge et sont arrivé la veille. Les deux grandes, Alix et Louena, ne vont pas mettre longtemps a s’amuser ensemble.



La traversée est terminée, on aura mis 6 jours et 48 minutes.


Aucune casse, aucun vomi (une première depuis notre départ de Bretagne). Tout le monde à profité. Il est 16h on va faire les formalités d'entrée dans le pays avant que ça ne ferme puis on se met rapidement au rythme du cap vert.


Musique, bière à l'ombre au bar. Tout est plus lent ici, on le sens rapidement et ça fait du bien pour un atterrissage en douceur.


Plus de photos dans l'album photo de la traversée ici