Lisbonne - Madere

Seconde traversée hauturière du voyage, on quitte Lisbonne pour rejoindre l'archipel de Madère avec un atterissage prévu sur l'île la plus au nord : Porto Santo. 

Mima et Papalain nous ont rejoint à Lisbonne quelques jours avant. On profite pour visiter un peu, faire quelques travaux de bricolage, faire les pleins de légumes, fruits, produits frais, eau, gazoil et d'énergie (pour le bateau et l'équipage, souvent plus théorie que pratique pour ce dernier avec les deux filles qui ne veulent pas faire de grasse mat, même en se couchant tard). 

Bref on est prêt jeudi 28 septembre à midi pour larguer les amarres. 

Pas de vent pour descendre le Tage et quitter Lisbonne. On se laisse aller au moteur et on profite pour revoir dans l'autre sens les rives de Lisbonne, la tour de Belem puis de laisser sur notre Tribord Casçais avant de prendre le large.  

Le vent se lève comme prévu quelques milles après avoir quitté le continent. 15 noeuds à l'anémomètre, 2 mètres de houle. On se met au petit largue pour du confort. Il est 16h la traversée commence. 

Dernier téléchargement des fichiers météo pour la zone avant d'être hors de portée des antennes téléphonique. Prévisions pour la nuit : 15 Nd, 20 en rafale. On garde la grande voile haute et le génois.

18h, ça commence à bouger un peu plus, le vent est monté à 18-20 nd, les crêtes des vagues sont bien blanche. Ça bouge et après 3 jours au calme plat dans la Marina, Manon et Mima sont rejoint par le mal de mer. 

Plat de pâte pour tout l'équipage, enfin Papalain, moi et Louena. Aucun appétit pour les deux malades. Les sceaux sont prêts et ça loupe pas. Manon ouvre le bal, Juliette sur son ventre, en écharpe. Mais aucun dommage collatéral. 

Le vent forci encore on est autour de 22-25 noeuds, force 5-6. Ça déferle un peu autour de nous, les vagues de vent s'ajoutant à la houle. Le bateau se comporte bien sous pilote mais on a le droit à quelques beaux mouvements de gîte de temps en temps. On prend un ris dans la grande voile et on réduit un peu le génois, Papalain à la barre, moi au pied de mat, gilets et harnais de sortis. On marche à 7nd de moyenne et on s'offre de beaux petits surfs  sur les vagues à 10 noeuds. Record à 12nd enregistré sur le gps. 

On arrive sur le premier rail des cargos, le montant (pour tous les cargos qui remontent vers la Nord le longent du Portugal). Il faut surveiller l'AIS qui indique position, cap, vitesse des navires. Ils vont deux ou trois fois plus vite que nous et font entre 200 et 300 mètres de long. Il ne faut pas se rater, ils ne freineront pas. 

On essaye de couper à peu près perpendiculairement leur route pour y passer le moins de temps possible. Rail montant passé, je vais coucher Louena avant le rail descendant que nous traversons dans une petite heure. Pourvu que Louena s'endorme vite:).

Même stratégie pour le rail descendant. Il y a du monde mais on vise souvent de passer juste derrière les cargos, c'est plus sûr. Tous les cargos en vert qu fonce sur nous, la petite flèche rouge sur l'image ci-dessous.

Second rail passé.  Mima, Manon et Juliette sont dans le même lit dans le carré pour dormir. 3 générations de filles réunies :). J'assure le premier quart de 21h30 à 23h30. De belles vagues, du vent assez fort. On avance bien. Pas besoin de prendre la barre, le pilote fait le boulot. On veille sur l'Ais, les lumières des bateaux que l'on peu parfois apercevoir. Les descentes sont fermées, un peu d'eau rejoint parfois le cockpit. Salopette, veste de quart, gilet, balise de détresse AIS et lampe frontale. Tout prêt pour quelques heures dehors sous la lune quasi pleine qui nous fait de la lumière. 

Changement de quart à 23h30. Louena dort très bien dans la cabine avant bien que ça soit celle qui bouge le plus en navigation. Je la rejoint néanmoins pour avoir un lit pas loin et l'entendre s'il y a un soucis. 

Papalain assure son quart de 23h45 à 1h30. Je me lève, il me propose de rester jusqu'à 3h pour que je dorme car le lendemain, pas le choix faut se lever et assurer la matinée avec les filles, surtout qu'une partie de l'équipage sera probablement encore malade. 

J'accepte et me relève a 3h pour un petit quart jusqu'à 5h30. Le vent a continué de souffler toute la nuit mais on avance bien. Route un peu trop à l'Ouest par rapport à la route directe pour madère mais on privilégie le confort de navigation quitte à allonger un peu le trajet. 

Je rejoins Papalain un peu avant 8h sur le pont, avec Louena. Biberon, changement de couche de Juliette, petit déjeuner pour ceux qui arrivent à manger. Le vent baisse néanmoins un peu, autour de 18-20 Nd au réveil pour atteindre 15 noeuds dans la matinée. La houel a aussi baissé. Manon et Mima ne parviennent pas a se débarrasser du mal de mer et c'est encore un repas léger le midi pour elles. Louena se régale et mange beaucoup. Juliette vit très bien son début de traversée. 

Plus de bateau autour de nous, on aperçoit un seul voilier sur l'AIS, Marengo. Des danois qui font route vers Madère également. On se croisera de près dans l'après-midi. Un petit appel VHF (radio à bord) pour se saluer et chacun reprend sa route. 

C'est assez calme a bord. On décide de pêcher.

Papalain déroule la ligne à l'arrière, Louena vient surveiller l'opération. 

Deux heures plus tard, la ligne manifeste des mouvements en son bout. Aller on sort les muscles et on l'a remonte. Une belle dorade coriphène est venue mordre à l'hameçon. 

Pas de poisson cru cette fois-ci. On est encore en début de traversée, il ne faut pas risquer d'ajouter des malades à la liste. On cuira un demi filet pour Papalain et moi dans un petit mélange d'oignon tomates et herbed de Provence. L'appétit n'étant pas revenu pour les filles. 

Le soir arrive avec les rituels de coucher, changement de couche... Manon a endormi Juliette en écharpe et propose de faire un quart. Il s'agit de surveiller les potentiels bateaux à l'horizon et sur l'Ais. Elle assure son quart de 21h à 23h. On démarre le moteur faute de vent et on se relaie avec Papalai pour les quarts suivants de la nuit. Quarts assez agréables malgré le moteur, il fait bon dehors, on voit bien avec la quasi pleine lune. Je profite pour beaucoup lire, temps qu'on avait peu en naviguant de jour seuls avec les petites. Là elles dorment à peu près le nuit. 

Bon bien-sûr c'est pas toujours vrai et à 0h30 pendant mon quart à la suite de celui de Manon, réveil de Louena, mima tente de la rendormir mais en vain. Je récupère Louena, l'emmène dehors. Elle est calme et profite un petit quart d'heure du ciel etoilé le temps que Papalain se réveile et se prépare pour son quart. 

Je me recouche avec Louena de 0h45 à 3h puis me lève pour relayer Papalain. Je retourne me coucher à 5h30, Papalain finira la nuit. 

Réveil à 8h de tout l'équipage, en forme. Un petit déjeuner pour tout le monde cette fois-ci. Le moteur ronronne encore un peu puis nous laisse à nouveau profiter du vent qui est revenu. 10-12 noeuds, du soleil, peu de mer, c'est parfait. Louena joue aux parents en prenant son bébé, qu'elle a nommé bébé Juliette, en écharpe avec un tissus qui traînait.

Repas, sieste des petites puis jeux d'eau dans la baignoire pliable et préparation de crêpes par Louena. L'appétit revient un peu pour nos malades. On se prépare un poulet coco accompagné de patates douces et pommes de terre suivi des crêpes en dessert. 

Nuit classique avec alternance entre Papalain et moi pour les quarts. On trouve notre rythme. Matinée tranquile à bord de Ti Laouen : lecture avec Louena à l'avant du bateau, repos pour Papalain. Sieste pour Juliette. 

On est dimanche matin c'était normalement la dernière nuit complète de la traversée. On remet le moteur en route, on se traine à 3nd dans peu de vent. On devrait arriver dans la nuit de dimanche à lundi.

Discussion pour savoir si on préfère arriver en milieu de nuit ou dans la matinée avec le jour. La desicion est prise de continuer à bien avancer et arriver de nuit pour se reposer au calme quelques heures avant le réveil inéluctable de 8h des petites. 

On profite de la dernière journée, seleil, peu de vent. On retente de pêcher mais rien cette fois-ci. Louena continue d'appeler les dauphins en vain. 

Tout le monde a faim pour ce dernier midi et on se partage le reste du poisson pêcher il y a deux jours. On avait stocké les filets sous vide et au frais pour que les Mima et Manon en profite une fois l'appétit retrouvé. 

Dernier soir de la traversée, on couche Louena, on lui explique qu'on arrivera dans la nuit et que ça fera du bruit dans sa chambre lorsqu'on déroulera la chaîne d'ancre pour mouiller. 

J'ignore si c'est ça, l'excitation d'arriver à terre, ou comme certains à bord le disent, la pleine lune mais elle ne s'endort pas. Je la laisse avec des livres et la lumière dans sa chambre. Ce n'est que vers 22h30 qu'elle trouvera le someil. Pas grave. 

On voit au loin les phares de l'île de Porto Santo apparaître. On fait cap sur la pointe Est de l'île, qu'on entoure pour viser ensuite le mouillage dans 6-10m d'eau près du seul port de l'île. C'est sympa d'arriver de nuit, on distingue le relief de l'île mais on ignore les couleurs. Est-ce verdoyant, caillouteux? ... on verra demain. 

On affale les voiles, on va mouiller près d'une vingtaine de voiliers déjà présents. L'ancre est bien enfoncée dans le sable. Le pont du bateau rangé. Il est 2h du matin. On a mis 3 jours et 14h pour rejoindre cet archipel. On veut souhaiter l'anniversaire de Juliette née pile 5 mois plus tôt, le 2 mai à 2H du matin, mais elle dort, on gardera la chanson pour le réveil.

Repos mérité pour l'équipage et on peut fêter ça le lendemain midi, le mal de mer s'étant evaporé et louena ayant regagné la terrre pour se balader un peu le matin en paddle. Merci Papalain et Mima d'être venu en équipiers, on vous garde jusqu'au Canaries.